Depuis quelques temps, je suis en plein travail sur les intrigues de mon roman de science-fiction « Colonies » et j’ai franchi un cap important. Quelque chose qui semblera sans doute banal à la plupart d’entre vous, mais qui est assez exceptionnel pour moi puisque les grandes lignes sont bouclées.
Pour ceux et celles qui me connaissent depuis longtemps (ou plutôt très longtemps), ce projet est un des premiers qui m’ait accompagné dans mes pérégrinations de publications web. Pour les autres vous le savez désormais.
Il y a un peu plus de dix ans, j’écrivais alors une fan-fiction toute personnelle dans un univers que j’idolâtrais, un univers qui avait subitement pris fin dans son format d’origine mais que mon esprit s’entêtait à faire vivre encore et encore.
J’écrivais donc une fan-fiction. Et puis un jour, il y eut un rêve, sans doute causé par une image qui ne m’a jamais quitté depuis : une planète plongeant dans l’obscurité simplement nimbée par la lumière d’une nébuleuse bleue. Ce rêve m’a laissé quelques images depuis longtemps évanouies mais surtout quelques mots qui sont restés gravés dans ma mémoire depuis.
Ce sont ces même-mots qui m’ont mené sur un sentier que je ne connaissais pas encore : celui de la fiction, du roman, cette idée d’un écrit qui ne vient pas d’autre part que ses propres idées… Dans le fond effectivement l’inspiration trouve toujours sa source quelque part, mais c’était ma toute première histoire, un monde que je construirais de mes mains.
L’écriture a débuté, avec un semblant d’assurance, quelque chose de bancal, qui tenait à quelques fils trop fins pour aller bien loin.
Et puis, j’ai voulu l’améliorer, le retravailler. Pour finalement tout effacer et recommencer, encore et encore, sans jamais parvenir à un résultat qui me plaisait ou ressemblait, même de loin, à ce que je voulais faire.
J’ai finalement pris la décision de mettre « Colonies » au placard.
Les années ont passé, j’ai écrit d’autres choses, travaillé très dur pour construire d’autres projets, apprendre par moi-même.
Un beau jour, Colonies a ressurgit. Sans crier gare évidemment. Sinon ce n’est pas drôle.
Alors j’ai gambergé pendant des semaines, laissé reposer tout ça dans un coin de ma tête sans jamais l’oublier. C’est difficile de dire « au revoir » à un rêve de gosse hein ? Pour ma part j’avais beaucoup de mal.
Après avoir hésité, noircit quelques pages Word, griffonné sur un cahier des plans, des schémas techniques, annoté une Histoire jusqu’au XXIIème siècle, tout m’est revenu.
« Ce vaisseau ne peut pas être la fin. Il ne le peut pas. »
J’ai bidouillé quelques histoires, les origines d’Alexandre, celles de Joanne, l’histoire de Maëlle.
Des bouts de vie, une fenêtre ouverte sur un moment précis qui définit les personnes, les caractères et leur raison d’être. Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils là ?
Le plus désarmant dans tout ça, c’est que leur consistance sonne comme une évidence, sans doute parce qu’entre-temps j’ai mûrit, vécu des joies et déceptions. J’ai rencontré des gens, en ai regardé partir pour de bonnes raisons, d’autres pour de moins bonnes.
Ecrire de la science-fiction, ce n’est finalement, pas tant écrire sur des machins et des bidules qui clignotent, retournent le temps ou compressent l’espace. C’est aussi parler de la vie, de la mort, dans un futur qui, même loin de notre époque, ne pourra pas changer la nature profonde de l’être humain.
Colonies en tout cas ne sera pas de cette science-fiction-là.
Je me plains beaucoup de ne pas trouver suffisamment de « nourriture » science-fictionnesque à lire, à regarder, à jouer parce que j’attends sans doute beaucoup de ces aventures spatiales, de ces incroyables voyages à l’autre bout de l’univers.
Comprenez-moi bien ! Je ne dénigre pas ce qui se fait en matière de Science-fiction, simplement les space-opéra, les épopées spatiales me manquent parce qu’elles sont tout simplement peu nombreuses. Ou ne me conviennent tout simplement pas dans la majorité des cas.
J’ai exploré les bas-fonds de « Aleph » (BD, science-fantasy), accompli la mission à bord de l’Icarus II dans « Sunshine » de Danny Boyle (Film, science-fiction) et combattu les hordes de synthétiques pour défendre nos derniers bastions sur Terre dans la trilogie « Mass Effect » (Jeu-vidéo, science-fiction). Trois œuvres majeures qui forment à elles trois, tout ce que j’aime dans la science-fiction.
Mais j’en reviens tout de même à Colonies.
Je suis quelqu’un de perfectionniste sur les bords, de pragmatique la plupart du temps. Mais par-dessus tout j’ai vécu 10 ans avec ces histoires, ces personnages et ces idées dans un coin de ma tête. Curieusement, j’ai l’impression aujourd’hui d’avoir réalisé que je connaissais tout cela, que le temps avait rendu les choses plus limpides et plus vraies.
Le destin des personnages est scellé et pour la première fois depuis que j’écris, j’ai cette impression réjouissante d’avoir toutes les pièces du puzzle devant moi, de connaître ma route dans cette histoire.
Il ne me reste plus qu’à faire le tri dans ce que j’avais déjà écrit en mettant de côté des chapitres trop centrés sur le passé des personnages (ils deviendront des nouvelles additionnelles une fois ces chapitres complétés et corrigés) mais tout est prêt pour l’écriture et je n’ai qu’une hâte : pouvoir m’y plonger et ne m’arrêter que pour poser le fameux point final.
Un grand merci à ceux qui seront parvenus jusqu’à la fin de ce pavé =).