Fear Street est l'adaptation par Netflix d'une série de romans signés par R.L. Stine (le créateur et l'auteur de la collection de romans jeunesse Chair de Poule). Il a été choisi d'adapter cette histoire en trois films au fil conducteur commun: la ville de Shadyside.
1994. La ville de Shadyside est secouée par une nouvelle nuit meurtrière au cours de laquelle Heather Watkins, une lycéenne employée au centre commercial de la ville est assassinée par son ami Ryan portant un déguisement de squelette provenant de la boutique où il travaillait. Alors que plusieurs employés sont retrouvés morts, Ryan est abattu par le shérif.
La tragédie est relayée par les médias locaux comme étant malheureusement courante pour la tristement célèbre ville la plus meurtrière des États-Unis.
Pour la majorité de ses camarades du lycée de Shadyside, Heather est une victime de plus de la malédiction lancée sur les habitants de la ville par Sarah Fier, une femme exécutée pour sorcellerie en 1666.
Tout commence donc en 1994 pour le spectateur avec une trilogie construite autour de l'unité de lieu et où chaque film traite d'événements survenus à des époques différentes.
Aparté: Celles et ceux qui me connaissent bien renconnaitront sans doute quelques points communs avec mon projet Dark Springs toujours en cours et c'est même pas fait exprès (heureusement d'ailleurs que je n'en avais entendu parlé, sinon je ne me serai sans doute pas lancé aussi facilement ^^).
Partie 1: 1994
Tout commence sur les chapeaux de roue avec une mise en bouche maîtrisée qui m’a immédiatement rappelé les slashers iconiques des années 90/2000, à commencer par Scream. L’utilisation du téléphone, l’atmosphère oppressante, et même la bande-son jouent à fond sur ces codes, créant une ambiance à la fois nostalgique et parfaitement adaptée à son époque.
Ce premier film pose les bases de la trilogie en introduisant les éléments clés de l’histoire : les personnages principaux, les mystères entourant la ville de Shadyside, et surtout le lourd héritage de cette dernière. Plus qu’un simple décor, Shadyside et sa jumelle Sunnyvale s’imposent comme les véritables cœurs de l’intrigue, symbolisant bien plus qu’un simple lieu où se déroulent les événements.
Le film ne se contente pas de jouer la carte du slasher nostalgique. Il y injecte une dynamique moderne, portée par un casting jeune et diversifié, et met en avant des thématiques comme l’appartenance, la lutte contre les étiquettes et les tensions sociales. Loin d’être anodins, ces sujets renforcent l’immersion et rendent les enjeux d’autant plus engageants.
Visuellement, 1994 se démarque par une esthétique vive et colorée qui colle à son époque. Les néons des centres commerciaux, les posters dans les chambres des ados, ou encore les cassettes audio et CD qui traînent ici et là : tout est là pour ancrer l’histoire dans cette décennie.
Ce premier volet fonctionne à merveille comme une introduction à la trilogie, distillant juste ce qu’il faut de mystère pour intriguer sans en révéler trop. Les fans de slashers classiques apprécieront les hommages appuyés, tandis que les nouveaux venus trouveront un thriller efficace, parfaitement rythmé et immersif.
Partie 2 : 1978
Le deuxième film nous emmène en 1978, au cœur du camp de vacances de Nightwing. Là où le premier opus rendait hommage aux slashers des années 90, ce volet puise directement dans l’esthétique et les codes des films d’horreur des années 70/80, comme Vendredi 13 ou Halloween. Exit les téléphones et les néons flashy des centres commerciaux, place à une ambiance plus brute, marquée par la chaleur de l’été et les tensions adolescentes.
Ce chapitre explore une tragédie sanglante du passé de Shadyside, nous plongeant dans un huis clos oppressant où l’horreur se cache autant dans les bois que dans les tensions entre les campeurs. Le film approfondit également la mythologie entourant la malédiction qui pèse sur la ville, tout en restant fidèle à son atmosphère de slasher classique.
Les personnages, et en particulier Ziggy Berman, apportent une dimension humaine et émotionnelle à l’histoire. C’est à travers leurs expériences que l’on perçoit les répercussions de la violence et du mystère qui hantent Shadyside.
Partie 3 : 1666
Le troisième et dernier film de la trilogie remonte aux origines de la malédiction, en 1666. Nous découvrons une communauté puritaine austère où les superstitions et les croyances religieuses exacerbées prennent une place centrale. Cette dernière partie explore les racines des événements qui ont façonné Shadyside, tout en offrant un regard critique sur les injustices de l’époque.
L’utilisation des acteurs des deux premiers films pour incarner les habitants de cette époque ancienne établit un lien thématique entre les différents volets, renforçant l’idée que Shadyside est marqué par un cycle de tragédies qui transcendent les générations.
Ce volet, à l’ambiance sombre et onirique, se distingue par une relecture du mythe de la sorcière et plonge le spectateur dans une époque où la peur et la suspicion mènent à des drames humains terribles.
En résumé...
Avec Fear Street, Netflix propose une adaptation originale qui conserve l’esprit des romans tout en s’adressant à un public plus mature. Chaque film s’inspire d’une époque et d’un genre cinématographique particulier, offrant une expérience variée mais cohérente.
L’un des points forts de la trilogie est son unité narrative : bien que chaque volet puisse être apprécié individuellement, c’est l’ensemble qui donne toute sa force à l’histoire. Sans dévoiler les détails, le dernier film apporte des réponses aux mystères des deux premiers volets, tout en réinterprétant certains éléments sous un nouveau jour.
Enfin, Shadyside/Sunnyvale est au cœur de l’intrigue. Plus qu’un simple décor, ces deux villes opposées incarnent l’âme de l’histoire, avec leurs conflits et leurs secrets profondément ancrés dans leur histoire commune.