Joe Hill est un écrivain de romans d'horreur et de fantastique. Sa filiation avec Stephen King est aujourd'hui très évidente tant leur façon de raconter des histoires d'horreur est proche. Côté comics, il a créé Locke& Key, un univers fantastique édité par Image Comics aux États-Unis et récemment adapté en série par le service de VOD Netflix.
Il a lancé en 2019 une série de comics publiés par DC Black Label (label créé à la dissolution de Vertigo) sous le nom de Hill House. Chaque série raconte une histoire différente, mettant en scène des personnages plongés en plein coeur de l'horreur teintée de fantastique.
Il est important de savoir que l'horreur telle qu'elle se définit dans les mondes de Stephen King comme de son fils, Joe Hill, est teintée de mystère et n'apporte que rarement toutes les explications au lecteur. Hill House se concentre donc principalement sur ce plongeon de personnages ordinaires dans un monde extraordinaire.
Basketful of heads (littéralement le panier plein de têtes) coche toutes les cases d'une bonne histoire d'horreur: une charmante petite bourgade à la fin de l'été, des disparitions mystérieuses, des évadés dangereux dans la nature, le tout commençant une nuit d'orage dans la demeure du shérif de la ville.
Le style de l'histoire est classique et fait penser qu'elle est indubitablement inspirée des légendes urbaines. Cette fois, elle tourne autour du personnage de June Branch. Au début de l'histoire, elle est la petite amie de Liam, employé pour l'été par le bureau du shérif de Brody Island, une petite ville côtière fictive située dans l'état du Maine. L'île est isolée au gré des marées du reste de l'état lorsque sa seule route est immergée.
C'est au cours d'une soirée de 1983 pas comme les autres que la jeune femme et son petit-ami fauché vont se retrouvés plongés en plein cauchemar dans l'immense maison du shérif.
Du côté de l'histoire, rien de très surprenant. Joe Hill tire pleinement parti du huis clos et des codes de l'horreur et du fantastique: le personnage principal ignore tout de ce qui lui arrive et elle se trouve confrontée à quelque chose qui la dépasse.
En mêlant mythologie nordique et horreur contemporaine, Joe Hill assure quelque chose de surprenant sans pour autant repousser les limites. C'est l'un des points les plus importants des codes de l'horreur: ne jamais expliquer "pourquoi". Ce qui pourrait en étonner certains, car aujourd'hui, la tendance est à l'explication (généralement un intervenant extérieur au cercle du personnage détient la clé de l'explication) et c'est une chose qui n'existe pas ici.
Côté illustration, le trait est simple et assuré et correspond tout à fait à l'univers de Joe Hill. L'horreur en est d'autant plus froide que la mise en scène est sans artifice. Brute.
J'ai passé vraiment une bonne soirée à lire Basketful of heads, une idée lecture tout indiquée pour le mois d'octobre !
En résumé...
Basketful of heads est un conte de l'horreur à la King. La patte de Joe Hill est très proche de celle de son père et le côté Graphic Novel correspond tout à fait à l'horreur si particulière qu'ils réussissent à mettre en place à presque chaque tentative.
Pour autant, si le comics en a les qualités, il hérite également de ses défauts: un huis clos parfois suffocant et un degré de mystère très important puisque la conclusion de l'histoire se concentre exclusivement sur les faits qui se déroulent à Brody Island et les personnages que sur les origines du fantastique présent tout au long des sept numéros.