Max Dehran (Théâs), 38 ans
Passionné par l’écriture et la création d’univers, j’explore le fantastique, la science-fiction et le récit noir à travers mes histoires.
Sur ce blog, je partage mon parcours d’auteur, mes réflexions sur l’écriture et les coulisses de mes projets.
Bienvenue et bonne lecture ! En savoir plus
Pour ce second article consacré à Utopia, je souhaitais aborder un peu plus la question des personnages.
Si l'histoire est la toile de fond d'un roman, les personnages sont à la fois pinceaux et peinture. Et l'image n'est pas choisie au hasard.
L'importance des personnages
Pour certains les personnages ne sont qu'une ribambelle de noms qui se croisent, s'entrechoquent, deviennent amis ou ennemis... Mais je trouve généralement cela très réducteur. Les personnages sont bien plus que cela : ils véhiculent des idées, des pensées qui peuvent susciter l'empathie comme la haine chez le lecteur. L'idéal étant de créer des personnages qui sont au service de l'histoire et non l'inverse afin de garantir de leur utilité dans sa progression ; ceci avec bien sûr son lot de péripéties en tous genres (naissance, mort, maladie... cette liste est non-exhaustive, évidemment).
Et c'est là que se fait toute la différence, à mon sens.
Comme pour la peinture, ce n'est pas la quantité de personnages qui va compter, mais leur diversité et les interactions que l'auteur met en place. Ainsi, nul n'a besoin de suivre l'exemple de George R. R. Martin, dont l'oeuvre Le Trône de Fer raconte les aventures de dizaines de personnages. Le genre assez particulier de ses livres mettant en scène des enjeux politiques d'ordre globaux sur font d'héroic-fantasy est un cas à part... Il démontre aussi une vraie maîtrise dans la manipulation des lignes de personnages au travers du temps ce qui n'est pas donné à tout le monde (une organisation de dingue se trouve sans doute derrière...).
Je vais arrêter de théoriser sur le sujet (je pourrais en parler des heures et des heures !) et revenir à ce que je me suis mis à créer pour Utopia.
Julianne et les autres...
Julianne sera donc le personnage principal de cette histoire.
Pour contextualiser un peu sa création, son histoire s'est imposée dès la seconde où cet univers post-apocalyptique est né, en ce sens où la thématique dominante est la suivante: le périple d'une jeune femme dans un monde dévasté de Paris jusqu'à sa destination dans le sud de la France.
Le personnage s'est ensuite complexifié jusqu'à devenir cette jeune femme de 16 ans devenue adulte trop rapidement. Sans trop en dévoiler -mais je pense que vous vous doutez que dans un tel contexte, l'enfance n'a pas la place qu'elle a aujourd'hui-, son histoire personnelle sera développée tout au long des huit chapitres.
Dans son périple, deux personnages centraux se sont également greffés au travers de Jacob, anglais d'origine de 20 ans et Émilie, sa petite sœur de 8 ans.
La cohérence entre le monde et les personnages
Pour Utopia, il est important de rappeler que le monde dans lequel évoluent les personnages est un monde brisé dans lequel l'être humain n'est plus qu'un pantin désarticulé et sans moyen réel contrôle sur le monde qui l'entoure.
La maladie, une simple blessure ou une rencontre inopinée avec un prédateur peut être la cause d'une mort prématurée.
Ce qui est intéressant à mettre en place dans ce style d'univers, c'est le rapport privilégié de l'homme avec la technologie, les connaissances qui tout à coup disparaissent sans que rien ne puisse s'y opposer.
On entre alors dans un récit qui conte, non pas la vie de ses personnages, mais leur survie. Et cela change tous les rapports qui peuvent être faits entre les protagonistes et leur environnement: une simple coupure peut s'infecter et avoir de graves répercussions sur le destin d'un personnage, le manque de nourriture et l'accès à de l'eau potable deviennent une priorité.
C'est ainsi que se mettent en place les péripéties et l'utilité des différents protagonistes de l'histoire.
Extrait du chapitre premier
J'ai reculé le moment de publier un extrait, car je ne suis jamais certain de pouvoir fournir quelque chose de "terminé" sur un projet en cours d'écriture. Cependant, j'ai choisi cette scène, car elle ne dévoile rien de précis concernant l'intrigue et n'impactera donc pas la lecture du projet une fois terminé. Voici donc un extrait du chapitre 1...
Utopia, Chapitre 1
Le bureau était sombre et il flottait dans l’air une douce vapeur d’alcool ambré que Julianne ne reconnaissait pas ; le meuble brun trônait au centre de la pièce, parfaitement aligné entre deux fenêtres donnant sur le jardin. Les boiseries foncées étaient entretenues et les étagères parcourant les deux niches encadrant la porte de la pièce supportaient de nombreux ouvrages à la couverture reliée de cuir.
La jeune femme était écœurée par tant de richesse, imaginant à quelques encablures de là, que des enfants mourraient de faim. Elle chassa les pensées encombrantes qui l’assaillaient et profita de la noirceur des lieux pour se rapprocher d’une seconde porte d’où provenaient quelques éclats de voix.
« Monsieur, votre dame ne peut rester ici en votre absence.
— Et qui va l’obliger à partir ? J’ai payé pour la nuit !
— Mais, votre père l’exige, Monsieur…
— C’est bon, intervint une femme à la voix douce. Je devais partir de toute façon, je reviendrais un autre soir… Tu n’auras qu’à le dire à Mamzelle Mo. »
Julianne approcha un œil averti du trou de serrure par lequel s’échappait un filet de lumière ténue. Le majordome à la posture droite tendait à la prostituée les vêtements négligemment abandonnés sur le sol duveteux de la chambre.
Jean n’était pas dans le champ de vision restreint de Julianne ; elle se fia à la voix jeune qu’elle entendit alors :
« Et pour quelle raison mon père me dérange-t-il au beau milieu de la nuit ?
— Sans aucun doute une affaire urgente, Monsieur.
— Appelle-moi, » dit finalement la jeune femme rhabillée en toute hâte.
Elle s’approcha du jeune noble et s’éclipsa après une embrassade surjouée.
Quand la porte eut claqué, les pas s’éloignant de la mégère en talons lui confirmèrent le départ de cette dernière ; Julianne observait avec attention les objets à portée de vue, mais ne trouvait pas trace de la petite boite en bois récupérée par l’aristocrate au marché.
« Monsieur, je ne saurais que trop vous conseiller de vous hâter, votre père semblait contrarié.
— Rien à faire de l’humeur de Robert. Il est temps qu’il se mette dans la tête que je ne suis pas une de ses boniches. »
Le jeune homme fit cliqueter la ceinture autour de sa taille et attrapa la veste posée sur le dossier de sa chaise tandis que le domestique éteignait les lampes ne laissant bientôt plus que la lueur chaude du foyer crépitant de la cheminée.
Max Dehran (Théâs), 38 ans
Passionné par l’écriture et la création d’univers, j’explore le fantastique, la science-fiction et le récit noir à travers mes histoires.
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Bienvenue et bonne lecture ! En savoir plus
Je trouve ton point de vue sur les personnages intéressant, surtout pour quelqu'un comme moi qui ne réfléchis absolument pas à ce qu'elle écrit et qui laisse personnages et histoire se mélanger sans savoir qui porte qui.(je peins de la même manière, instinctivement)
Maintenant ton extrait est très bien écrit et l'on sent surtout un art de la description discrète très maîtrisé. Et Julianne arrive à être attachante sans presque rien faire.
À suivre donc...
Coucou Isa !
Merci pour ton retour ! C'est vrai que c'est un point de vue qui n'engage que ma façon de faire tout à fait personnelle ^^. Certains ont de l'instinct, moi je n'en ai plus vraiment (sans doute parce que j'écris est plus complexe que quand je parvenais encore à le faire à tâton, j'écrivais du feuilleton à l'époque, c'est sans doute pour cela...). J'ai besoin de savoir où je vais, où vont mes personnages pour éviter de me perdre en route et de finir par abandonner face aux incohérences qui se glissent malgré moi dans le texte ... Tant mieux si tu y parviens :D.
Oui j'aime les descriptions mais point trop n'en faut, je pense que le texte mérite quelques ajustements qui seront faits après écriture, content que tu aies aimé ce petit bout de mon histoire !