J'ai découvert Les Montagnes Hallucinées un peu par hasard au détour d'un rayon virtuel et je me suis lancé sans trop de conviction... Finalement, ce voyage a été enchanteur quoi que nécessairement horrifique.
J'avoue que l'oeuvre de Lovecraft a toujours été très obscure pour moi, éloignée des standards et plutôt unique. De fait, je la pensais très difficile à appréhender, assez complexe pour décourager les novices à se l'approprier.
À première vue, je dirais que le plus compliqué reste de comprendre comment l'aborder et par quoi commencer (en évitant bien sûr de se ruer sur des livres inspirés de son univers si dense). Si cela vous intéresse, j'ai également parcouru l'un des recueils de nouvelles dont une présentation du traducteur m'a beaucoup éclairé sur le sujet: Dagon et autres récits d'horreur (mais j'y reviendrai dans un autre article).
Je ne sais pas si ce livre-ci était une bonne entrée en matière, mais elle est, en tous cas, celle que j'ai choisie pour découvrir son monde dont j'avais déjà eu un aperçu au travers d'un jeu de plateau dont il est l'une des principales inspirations.
Ce qui peut être déroutant est la totale absence de dialogues dans le livre. À aucun moment n'est abordée directement la parole des personnages, le point de vue interne étant scrupuleusement respecté du début à la fin.
Les Montages Hallucinées est une expérience étrange qui illustre à merveille ce que j'ai pu lire de cet auteur si singulier.
Tout l'objet de cette longue nouvelle (car pour moi ce n'est pas un roman du fait de sa longueur) s'articule autour de l'expédition scientifique envoyée aux confins du monde pour percer les secrets des montagnes découvertes au pôle Sud. C'est ainsi que l'on suite les événements du point de vue de l'un de ses membres: William Dyer, professeur et géologue enseignant à l'université de Miskatonic de la ville fictive d'Arkham aux États-Unis.
H.P. Lovecraft a créé un monde vraiment singulier et très ouvert avec de nombreux codes, de nombreuses créatures issues d'une mythologie entièrement rêvée (ou cauchemardée en l'occurrence). Il est parfois compliqué de savoir à quelles espèces appartiennent les noms quelque peu confus qui leu sont donnés (J'avoue avoir plusieurs fois recherché en parallèle de la lecture ce à quoi il faisait référence).
Hormis quelques longueurs que j'ai pu constater assez courantes chez l'auteur (certaines phrases ne semblent jamais en finir), cette histoire est vraiment captivante. La narration exclusivement faite au travers des yeux de Dyer est synonyme d'une contemplation permanente de l'horreur dont les sentiments les plus tapis dans l'ombre de son inconscient sont évoqués sans filtre.
Ce style si particulier impose bien entendu que le lecteur y soit sensible. Je ne pense pas que cela soit donné à tout le monde d'apprécier ces textes aux accents particuliers, tout comme les idées personnelles de l'auteur qui transpirent çà et là au milieu des pensées, parfois confuses, parfois lucides de son personnage.
Malgré ses défauts, on ne peut pas rester insensible au charme de ces cités perdues décrites avec beaucoup de détails par Lovecraft.
Les Montagnes Hallucinées s'inscrit dans un cycle sombre qu'il peut parfois sembler compliquer d'appréhender comme il faut ; les écrits de Lovecraft traitant de ces visions cauchemardesques venant des étoiles sont aussi nombreux que de formes variées. Ce texte-ci a cet avantage de laisser le temps au lecteur d'assimiler l'énorme quantité de détails évoqués en pensées par son protagoniste central.
J'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture et découvrir l'envers du décor de cette expédition au bout de l'enfer.