La grand-mère ne tenait plus en place, consciente que d’une seconde à l’autre elle verrait débarquer l’être qui comptait le plus au monde pour elle. Elle tira une nouvelle fois les rideaux en dentelle de la petite fenêtre surplombant l’évier de la cuisine, puis observa avec attention le panorama sur le soleil déclinant.
Le grand érable prenait une allure automnale et la semaine passée avait été la plus froide dans tout le comté de Deadwood depuis des mois. Si la transition brutale vers l’hiver ne surprenait plus ses habitants, elle s’était accompagnée d’une triste annonce pour Elizabeth ; elle avait reçu un coup de téléphone de son gendre, Éric, qui lui avait rapporté le décès de sa fille. La vieille femme s’était effondrée et sa voisine soucieuse de ne pas la voir arriver à sa porte comme d’ordinaire à l’heure du thé, l’avait trouvé en larmes sur les marches de l’escalier menant à l’étage de sa modeste demeure.
Une semaine s’était écoulée et si elle avait espéré qu’une visite impromptue la sortirait de ses terreurs nocturnes, elle n’avait eu d’autre sollicitation que celle de son amie, aux petits soins depuis que la nouvelle s’était répandue. Éric était un homme prévenant, qui avait toujours eu de bonnes manières ; en ce sens, il fut convenu que Terrence serait confié à sa grand-mère tandis qu’il s’occuperait de mettre en ordre les affaires de sa défunte femme à Washington.
Un nuage de poussière s’éleva dans le lointain ; le ronronnement d’un moteur puissant précédait le véhicule lancé à vive allure sur les routes terreuses de Deadwood. Elizabeth quitta la cuisine, y délaissant ses sombres pensées ; elle redressa au passage la photo d’elle, de son mari et de sa fille alors âgée de six ans plantée dans l’entrée. Le noir et le blanc de l’image avaient lentement cédé place à des couleurs passées d’un brun profond à un jaune automnal. La vieille femme s’autorisa un soupir nostalgique et quitta le vestibule de la modeste demeure.
Déposant le torchon sur le dossier d’un rocking-chair au bois terni par les années, elle fit quelques pas jusqu’au bord du porche abrité. Un sourire éclaira ses traits fatigués quand le véhicule bifurqua sur le chemin menant à la maisonnette isolée.
Le tout-terrain bordeaux était couvert d’une fine pellicule de poussière mais au travers des vitres souillées elle distingua sur la banquette arrière le petit homme endormi.
« Bonsoir Elizabeth, salua Eric en refermant la portière.
— Je suis si heureuse de vous voir, lui répondit-elle en l’étreignant.
— Navré d’avoir tardé, j’ai dû tourner une demi-douzaine de fois dans Deadwood avant de retrouver le chemin. »
Éric était un jeune homme assez grand et plutôt maigre au regard sombre. Ses cheveux bruns parfaitement coiffés et son costume taillé sur mesure trahissaient son appartenance aux hautes sphères de sa profession ; l’avocat avait réussi à faire accepter un accord le matin-même aux deux partis d’un couple en cours de divorce. Heureusement pour lui, il ne lui avait pas été très compliqué de dénouer les problèmes qui empêchaient les Lloyd de trouver un accord. Il avait ensuite récupéré son fils auprès de leur voisine, qui avait manifesté son inquiétude pour le sort de l’enfant ; ils avaient roulé toute la journée, traversé un état entier avant d’atteindre la petite bourgade perdue sur la route du grand ouest.
« Nous devrions entrer, suggéra la vieille femme, la nuit sera bientôt-là et les températures ont considérablement baissé. »
Éric approuva d’un sourire mesuré et prit silencieusement les bagages entassés à la hâte dans le coffre du véhicule. La grand-mère ouvrit la portière arrière et récupéra la veste de son petit-fils avant que son gendre ne revienne pour le chercher : elle aurait voulu aider mais son état de faiblesse ne lui pardonnait aucun défaut d’orgueil.
Le dîner fut pour Terrence l’occasion de reconnaître les lieux, une maison où il se sentait bien malgré la tristesse omniprésente. Quand il eut terminé le bol de soupe préparé par sa grand-mère, elle le conduisit à la salle de bain où son père installait quelques-unes de ses affaires.
« Tu vas où ? s’inquiéta l’enfant.
— Tu le sais, nous en avons discuté tout à l’heure ? Papa doit retourner s’occuper de quelques affaires et c’est grand-mère qui va rester avec toi pendant ce temps, » expliqua calmement Éric soucieux de ne pas avoir à aborder le délicat sujet de l’accident.
Le gamin fit une moue attristée puis saisit la brosse à dent couverte de dentifrice préparée par son père ; le garçonnet frottait frénétiquement quand Éric posa son regard sur le vieux cadre accroché au mur du couloir : Eliane qui était une adolescente souriante et radieuse, se trouvait assise sur la balançoire suspendue à une branche de l’érable bordant l’entrée de la maison. Une larme roula sur sa joue sans qu’il ne puisse la retenir ; il s’efforça de la faire disparaître quand il vit que son fils l’observait.
Elizabeth qui avait aperçu la tristesse dans le regard d’Éric attira l’attention Terrence avant qu’une question innocemment posée n’intensifie la puissance de ce sentiment partagé. Il lui glissa un « merci » à peine murmuré et prit une profonde inspiration avant de rejoindre son fils pour le border.
« Je serai de retour dans moins d’une semaine, affirma Éric avant d’avaler une gorgée du café servi dans un service en porcelaine vieillot.
— Le pasteur est venu me voir cette semaine, il s’est proposé pour l’office.
— Bien, concéda Éric avec un menu soulagement. Les affaires seront en ordre d’ici-là. »
Elizabeth n’était pas une femme particulièrement expansive, mais sa joie de vivre s’était envolée quelques jours plus tôt et depuis, elle se trouvait incapable de mener une conversation plus longtemps que nécessaire.
« Vous devriez aller vous reposer, » lui conseilla-t-elle.
Elle n’obtint pour seule réponse qu’un sourire un peu forcé puis il plongea son regard au dehors, vers la nuit noire et les collines boisées faiblement éclairées par la lueur de la pleine lune.
« Je vais aller marcher un peu, j’ai besoin de respirer », déclara-t-il en considérant le froid vivifiant qui l’attendait dehors.
« Elizabeth, merci pour tout », fit-il avant de sortir, sa veste tout juste boutonnée.
Le lendemain, il se leva aux aurores pour rejoindre Washington en début d’après-midi. Les démarches administratives intrinsèques à une affaire de meurtre requéraient du temps et de la patience ; l’inspecteur chargé de l’enquête qu’il rencontra en fin d’après-midi lui laissa entendre qu’aucune piste sérieuse n’avait pu être envisagée. Cependant, Éric n’écoutait-il déjà plus lorsque le policier lui annonça qu’aucun indice n’avait été retrouvé sur les lieux du crime.
En réalité, il sentait sa tête flotter au-dessus de son corps, comme s’il était piégé dans un cauchemar interminable auquel il s’était résolu à ne plus participer.
Le soleil disparut rapidement au-dessus des buildings du centre-ville ; il marcha pendant des heures, perdu dans ses pensées mais se réveilla, frappé par l’évidence de cette église nichée entre deux immeubles de briques rouges. Les vitraux et la lueur ondoyante qui les traversait attirèrent son attention ; peu coutumier de ces endroits de recueillement, il se sentit appelé à l’intérieur et pas après pas, il s’avança dans la nef principale.
La chaleur emplit son cœur d’une légèreté nouvelle puis il prit place sur un banc au second rang, comme s’il n’avait pu en être autrement.
« L’épreuve que vous traversez est douloureuse, mon fils, mais Dieu soulage bien des maux », le surprit la voix grave et rassurante d’un homme d’une cinquantaine d’années.
Les cheveux poivre et sel se clairsemaient au sommet de son crâne et la soutane noire soulignait une silhouette maigrelette. Le regard compatissant du prêtre le soulagea d’un fardeau devenu trop lourd.
« Prier vous aidera, j’en suis certain, prenez le temps qu’il vous faudra, déclara le prêtre en posant une main amicale et pleine de compassion sur son épaule.
— Merci », balbutia Éric avant de se retourner vers la représentation du Christ plantée dans l’abside.
Les cloches résonnèrent dans l’église comme un écho lointain, leur tintement étouffé par la distance séparant son corps et son esprit ; ses pensées et ses prières l’avaient mené loin, auprès de cette image réconfortante : Eliane souriait et riait. Les bougies moururent silencieusement autour de lui conférant au lieu saint une atmosphère chaleureuse et solennelle où il n’y avait de place que pour la prière.
Une senteur de bois brûlé lui piqua le nez le plongeant encore plus profondément dans une transe méditative qu’il ne maîtrisait pas.
« Amen », prononça-t-il avant de s’éveiller, apaisé et soulagé d’un poids qu’il ne se sentait plus seul à porter. Il passa ses mains sur son visage dans l’espoir de dissiper le brouillard omniprésent qui entravait ses sens et sa réflexion. Quand il fut enfin en mesure de se lever, il se dirigea vers le confessionnal et ferma le rideau derrière lui. Les effluves d’encens se répandaient au cœur des boiseries sombres et usées et se mêlaient à l’austérité du confessionnal.
« Pardonnez-moi, mon père car j’ai pêché… expliqua-t-il tête baissée.
— Confessez-vous sans crainte, Dieu saura vous pardonner.
— J’ai fait serment de taire un secret qu’aujourd’hui je ne peux plus garder, poursuivit Éric.
— Quel est-il, mon fils ?
— C’est au sujet de ma défunte épouse, et de notre enfant … »
Deadwood était une bourgade typique des états centraux américains, sans vie et désertée depuis les années soixante par la jeunesse désireuse de découvrir un monde plus stimulant.
Les journées passaient, se ressemblaient sans que Terrence ne manifeste la moindre protestation face à l’autorité de sa grand-mère qu’on avait même surprise à sourire d’après Edith, sa voisine. Terrence n’était pas un de ces enfants ignorants endormi par les programmes télévisés, bien au contraire, il était éveillé et s’intéressait à tout sans jamais paraître maladroit ou avoir un comportement malvenu.
Par moment, Elizabeth se surprenait à revivre des moments qu’elle avait jadis connus avec sa fille. Tu as ses yeux, pensa-t-elle intérieurement avant de laisser échapper une larme nostalgique.
« Grand-mère, tu pleures car tu ne vas plus revoir maman ?
— Comment ? fit-elle, prise au dépourvu.
— Maman était triste au début, mais elle m’a dit de ne pas le dire à papa. »
Son sang ne fit qu’un tour et le monde sembla se dérober sous ses pieds ; comment ce jeune bambin encore en âge de croire aux contes de fées pouvait-il comprendre et percevoir ce qu’elle-même n’avait pu saisir qu’à son adolescence.
« Elle m’a dit qu’elle était heureuse et que l’on devait l’être aussi, poursuivit Terry en continuant de jouer avec la cuillère en bois laissée sur la table de la cuisine. Elle veille sur nous avec grand-père et Michael ! »
La vieille femme était bouleversée mais elle ne voulait pas céder à la panique et encore moins devant son petit-fils ; elle contint la nervosité qui lui avait brusquement raidit la nuque et se remit à essuyer la vaisselle fraîchement nettoyée.
Le soir venu, elle coucha Terrence dans la chambre d’enfant du premier étage et ouvrit la porte du cagibi situé au bout du couloir après s’être assuré que le bonhomme était endormi. Depuis aussi loin que remontaient ses souvenirs, elle avait pris soin de garder cette pièce condamnée, comme le vestige d’une vie passée à nier ce qu’elle avait été autrefois.
La poussière s’amoncelait en un manteau sec et volatile qui se souleva à l’ouverture de la porte ; la vieille femme gratta une allumette et enflamma la mèche de la bougie restée immobile depuis des années. La pièce était aussi large que profonde et il flottait dans l’air une odeur désagréable de moisissure et d’humidité ; Elizabeth saisit le chandelier à anse en porcelaine et s’installa sur la chaise de bois, face au plan de travail du meuble. Les souvenirs affluaient et ses mains trouvèrent automatiquement le chemin de ce carnet négligemment posé dans un casier en bois ; elle souffla pour dissiper la pellicule grisâtre qui l’avait recouvert et l’ouvrit. Il portait une écriture irrégulière ; elle se souvint avoir inscrit son nom à l’époque où ce cahier de route lui avait été remis par son père, un homme surprenant et torturé qui n’avait jamais pu partager avec elle une relation normale.
Elle caressa du bout des doigts le nom de sa fille écrit à l’encre noire au bas de la liste et feuilleta les pages suivantes. Les mots posés sur le papier étaient espacés de croquis indistincts ; certains plus estompés que d’autres disparaissaient même sur les bords du papier jauni.
La révélation apportée par son petit-fils n’était pas ordinaire et la soulageait profondément en vérité ; dans d’autres familles, on aurait pu conclure à un traumatisme dû à la disparition tragique d’Eliane, mais Elizabeth était certaine qu’une part d’elle avait survécu en son fils, quelque chose de particulier, un héritage familial important transmis de générations en générations.
Elizabeth tria et rassembla les affaires importantes que contenait la remise, sérieusement décidée à s’entretenir avec son père à ce sujet et toute disposée à l’aider si le besoin se faisait sentir. Pour la première fois depuis des années –depuis le départ de sa fille en réalité –, elle pensait pouvoir être utile.
Terrence dessinait dans le salon le matin où son père devait arriver en ville avec le transport funéraire, depuis l’aéroport régional de Rapid City. Elizabeth avait ressorti son ensemble noir pour l’occasion ; un vêtement aussi terne et vieillot que la demeure qu’elle habitait.
Elle s’approcha de son petit-fils et observa avec attention les coups de crayon aléatoires et les formes plus assurées. On y distinguait le Capitol et le Washington Monument, mais quelque chose clochait : les formes noires et allongées sur le sol étaient nombreuses et désordonnées.
« Que dessines-tu ? s’enquit-elle innocemment.
— Les monsieurs et les dames qui tournent autour ! répondit Terrence d’un air ingénu. Maman me disait qu’ils dansaient… »
La tristesse sur le visage du garçonnet trahissait sa compréhension du malheur qui les rassemblait en ce jour teinté de gris.
Au dehors le ciel était chargé de lourds nuages et le tonnerre grondait déjà quand la voiture de location empruntée par Éric à l’aéroport se gara devant la maison.
Le trajet jusqu’à la chapelle de la ville se fit dans un silence qui en disait long, malgré le soulagement des retrouvailles qu’avait ressenti la vieille femme.
Le révérend prononça le sermon sur un ton solennel, dans la plus pure tradition, mais Éric n’écoutait presque plus ; il pensait à sa femme et aux choses qui lui avaient été rapportées par l’inspecteur de police chargé de l’enquête :
« Votre femme s’est mise en danger au moment même où elle est entrée dans cette ruelle. L’assassin lui a dérobé de l’argent et s’est sauvé, mais nous n’avons aucune piste sur son identité, aucun indice nous permettant de l’identifier… Je suis navré monsieur Williams. »
Une façon bien eux de dire qu’ils seraient incapables de mobiliser davantage de temps et d’argent pour une affaire parmi d’autres qui resterait à jamais non-résolue.
« J’enterre ma femme demain, inspecteur, ayez le bon sens de ne plus revenir nous importuner, moi ou ma famille pour vous excuser de ne pas retrouver le salopard qui a privé mon fil de sa mère ! »
Ses mots étaient durs et l’agent s’en était allé sans un mot, conscient que rien de ce qu’il pouvait ajouter n’aurait pu aider Éric à surmonter sa peine. Brisé, le jeune père de famille était retourné voir le prêtre à Sainte Catherine et s’était livré à plus de confidences qu’il ne l’aurait souhaité quelques jours auparavant. L’homme d’église compatissait à sa colère, à l’immense chagrin et lui tint un discours qu’il jugea sage ; il pouvait aider Terrence à ne pas subir le même sort.
La marque du démon avait-il dit.
L’époux endeuillé assista à la fin de la cérémonie avec attention, jetant de temps à autres un regard humide vers son fils unique assis sur sa droite.
Sur le chemin du retour, les visages étaient défaits et la morosité du paysage n’arrangeait pas l’état d’esprit général. Elizabeth, qui était assez maladroite, crut bon d’entamer la discussion immédiatement pour ne pas laisser passer l’occasion de se retrouver seule avec son gendre.
« Éric, nous devons parler de certaines choses…
— Bien sûr, bien sûr, répondit-il calmement, les mains crispées sur le volant. Je vous écoute Elizabeth.
— Vous savez qu’Eliane était une personne spéciale, » hésita-t-elle.
Considérant l’absence de réponse comme une approbation, elle poursuivit :
« Terrence lui ressemble tellement …
— Il n’est pas comme ça, trancha Éric d’un ton sec. Terrence n’est pas Eliane et je refuse d’accorder plus d’importance à cette folie. »
La grand-mère redoutait cette réponse et le refus qui l’accompagnait.
« Ce don qu’il possède en lui n’est pas une fatalité ou une malédiction.
— C’est pourtant ce qui a tué sa mère. Votre fille ! rétorqua-t-il durement et sans la moindre compassion. Il ne sera pas comme ça ! »
La grand-mère se tut le reste du trajet, consciente de ne pouvoir avoir une discussion sincère et entière avec son gendre qui était visiblement fermement décidé à rejeter cette part de l’héritage familial.
Ils arrivèrent aux abords de la ville et le tout-terrain s’engagea dans l’allée remontant à la maisonnette. Juchée au sommet de la petite colline, elle semblait en mauvais état, presque abandonnée et en partie dissimulée par l’arbre majestueux au feuillage rougeoyant
Sans un mot, la vieille femme quitta la voiture. Quand Éric demanda à Terrence de ne pas en sortir, Elizabeth comprit qu’il était bien trop tard pour espérer arranger les choses.
« Que faites-vous ? dit-elle vainement. Attendez, vous ne pouvez pas parti comme ça ! »
Mais Éric était déterminé et son visage totalement fermé ; elle assista à sa soudaine panique, impuissante.
« Vous me pardonnerez mais nous ne pouvons pas rester, s’excusa-t-il le regard fuyant pour respecter les convenances.
— S’il vous plaît.
— Il est hors de question que je perde mon fils pour ces conneries de lignée. Eliane est morte, vous entendez ? MORTE ! »
La fureur dans la voix du jeune père n’avait fait que croître et la vieille femme ne se sentait pas la force de lui répondre. Elle accepta silencieusement que la colère contenue s’épanche enfin et le regarda quitter la maison, les sacs dans une main avant que la porte ne se referme sur lui.
Elizabeth laissa la porte d’entrée se refermer derrière elle, et, alors qu’elle était arrivée dans la cuisine, posa la paume de ses mains sur le rebord de l’évier et tira le voile de dentelle fixé à la fenêtre. Le panache de poussière accompagna le vrombissement du moteur sous le ciel chargé de cette fin d’après-midi maussade. Une larme coula silencieusement sur sa joue et vint se briser sur l’émail blanc de la vasque.